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les explorateurs contemporains.

un outil tranchant, hache ou couteau. Ils arrachèrent une barre de fer du canot abandonné, la firent rougir au feu et la façonnèrent à coups de pierres en une sorte d’outil, ni couteau, ni hache, mais pouvant à la rigueur suppléer à l’un et à l’autre.

C’est avec cet outil primitif qu’ils arrivèrent à démolir pièce à pièce la maison qu’ils n’habitaient pas.

Leurs vêtements étaient usés et ne les préservaient plus du froid. Il s’agissait de les renouveler. Avec des clous du canot forgés comme leur hache, ils firent de grossières aiguilles ; des lanières finement découpées dans les peaux des rennes qu’ils avaient tués, ou des ficelles minces fabriquées patiemment avec les fils des voiles, ou les poils des animaux morts, enfin les peaux elles-mêmes utilisées, remplacèrent les chaussures et les vêtements détruits par l’usage.

La chasse, souvent malheureuse, leur apportait pourtant de temps en temps quelques ressources. C’est ainsi que, pendant leur séjour en ce lieu, ils parvinrent à abattre onze rennes et un ours blanc, sans compter quelques phoques et quelques renards bleus ou argentés.

Le récit détaillé de tant de travaux, la description et l’analyse de tant de peines, de tant d’angoisses supportées par ces deux hommes, laisserait bien loin derrière lui le récit des aventures de Robinson Crusoé, sorti de la plume magique de Daniel de Foë.