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les marins du fraya.

à tuer, mais comme si le malheur eût voulu s’acharner sur eux, quand ils rentrèrent ils s’aperçurent que leur feu s’était éteint pendant leur absence et qu’ils n’avaient plus d’allumettes.

Ils restèrent anéantis devant ce malheur, le plus grand de ceux qui leur étaient survenus jusqu’alors.

Ils étaient sombres et sans voix, devant cette série de fatalités qui les accablaient, quand Olsen eut une inspiration soudaine.

« Nous sommes sauvés ! » s’écria-t-il. Il courut à la barque abandonnée, en arracha un morceau de cordage qu’il dépeça patiemment et réduisit en fine étoupe. Il en fit une bourre à son fusil et la plaça sur une charge de poudre. Le coup partit, l’étoupe s’enflamma et le foyer put briller encore.

De nouveaux chagrins et de nouveaux soucis ne devaient pas tarder à tomber sur les infortunés matelots.

On comprend que, pour se procurer du combustible, ils avaient dû démolir pièce à pièce, et brûler les matériaux composant celle des deux maisonnettes qu’ils n’habitaient pas, mais un jour, cette ressource vint à manquer. Allait-il falloir brûler maintenant leur dernier abri, et comment alors se préserveraient-ils des implacables morsures du froid polaire ?

Déjà, ils avaient dû s’ingénier et faire des chefs-d’œuvres d’invention. On se souvient, en effet, que tous les ustensiles étaient restés sur le traîneau avec les cinq malheureux égarés dans les neiges. Or, il s’agissait, pour démolir la cabane sacrifiée, d’avoir