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les explorateurs contemporains.

camarade avait déjà dépecés et tomba évanoui auprès de Nielsen.

Les deux malheureux ne reprirent leurs sens que le lendemain ; ils s’installèrent comme ils purent dans une des cabanes et convaincus que, puisque leurs compagnons de route ne revenaient pas, c’était parce qu’ils avaient été engloutis sous la neige, ils résolurent d’attendre-là la fin de l’hiver. Or, il s’agissait encore d’un séjour de plus de cinq mois !

Ils se mirent en chasse, mais ils restèrent quinze longs jours sans voir un seul être vivant. Ils seraient morts certainement de faim, car ils n’avaient d’abord pour toute nourriture que ces mêmes os qu’ils avaient déjà sucés dix fois. Heureusement Olsen eut l’idée de gratter sous l’épaisse couche de neige, qui environnait la maisonnette et il découvrit des débris de viande et des entrailles de phoques que les Russes avaient jetés, et que le froid avait tant bien que mal conservés. Ils se jetèrent avec avidité sur ces aliments dégoûtants et grâce à eux, ils échappèrent encore à une épouvantable mort.

— Sais-tu, ami, dit un jour Nielsen, que dans trois jours ou quatre, car j’ai perdu le fil de mon existence, nous serons à Noël. Quelle triste fête nous allons passer ici, tandis que nos amis du pays se réuniront dans de joyeux repas !

— Qui sait ? reprit Olsen. Le hasard est un grand maître, il nous réserve peut-être une surprise…

Ces mots furent en réalité une prophétie. Le lendemain ils rencontrèrent un renne qu’ils réussirent