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les marins du fraya.

de s’en rapporter au sort. Le hasard voulut qu’ils continuassent leur route.

Cependant Olsen et Nielsen, revenant sur leurs pas, s’avançaient épuisés, mourant de fatigue et de faim, du côté des maisons russes ; ils marchèrent ainsi quatre jours, n’ayant pour tout ce temps qu’une livre de viande pour unique nourriture. Ils se traînaient péniblement sur ce sol glacé, quand Nielsen aperçut enfin les cabanes. Se retournant, il vit que son camarade avait disparu.

Trop faible pour aller à sa recherche, il rampa tant bien que mal jusqu’à l’une des deux maisonnettes. Il y alluma du feu, rôtit quelques débris de viande de renard, en suça quelques bouchées, puis épuisé et sans forces, il s’endormit ou plutôt s’évanouit devant le foyer.

Pendant ce temps qu’était devenu Olsen ?

Il était tombé sur le sol et il y resta longtemps inanimé. Le froid et la faim lui rendirent conscience de son être. Il se mit à mâcher avidement la peau de renne fraîche qui lui servait de vêtement et se traîna quelques pas encore vers l’une des maisonnettes qu’il avait lui aussi aperçues.

Il ne put l’atteindre, et étant arrivé près de la barque abandonnée qu’on avait laissée renversée sur le sol, il s’y glissa et se coucha à son abri. Le repos lui rendit quelque énergie ; il employa ses dernières forces à se diriger vers la maisonnette qu’il parvint à atteindre. Là, il rongea à son tour les os que son