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les marins du fraya.

installation. Ils furent assez heureux pour tuer un phoque et deux renards bleus.

De plus les Russes, premiers possesseurs des deux maisons, avaient amené avec eux des rennes qu’ils avaient négligé de remmener. Sans doute ces utiles bêtes furent elles heureuses de voir des hommes entrer dans ces solitudes. Elles s’approchèrent des habitations, mais furent bien mal récompensées de leur confiance, car les chasseurs en tuèrent quatre dont on fit boucaner la chair. Le troupeau effrayé s’enfuit et disparut pour toujours.

Quand les naufragés, car nul n’a plus justement mérité ce titre, virent que le gibier devenait introuvable, ils résolurent de quitter celle plage inhospitalière où l’existence était devenue impossible et ils se remirent en route. Les Russes avaient abandonné dans la neige un petit traineau. Les matelots jugèrent qu’il leur serait plus utile que leur barque ; et en effet ils avaient résolu de continuer leur marche vers le sud en suivant les sinuosités de la côte, et de plus, les froids étant allés toujours en grandissant, la mer était gelée depuis le rivage jusqu’au large à perte de vue.

Tout ce que l’expédition possédait d’ustensiles fut transporté dans le traîneau auquel s’attelèrent à tour de rôle, les hommes qui ne portaient pas de fusil.

Cette seconde partie du voyage fut aussi pénible que la première. D’ailleurs une autre agonie commençait ; non seulement le froid devenait excessif