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les marins du fraya.

Les deux amis imitèrent la patience du roi des mers glaciales et après s’être approchés à bonne portée tinrent en joue le terrible animal.

Quelques instants plus tard le phoque, inconscient du danger, sauta d’un bond sur la glace et tomba entre les mains redoutables de son ennemi.

Une double détonation se fit entendre au même instant. Les matelots avaient visé avec cette conscience et cette sûreté de coup d’œil que donne à des affamés la perspective d’un copieux repas. Les deux animaux roulèrent sur le sol glacé et Olsen n’eut plus qu’à courir à la rive inviter ses compagnons à venir transporter les deux précieuses proies.

Cette bonne aubaine eut un résultat doublement heureux. D’une part, elle permettait aux sept malheureux marins de reprendre des forces et elle leur assurait des vivres pour plusieurs jours ; d’autre part, l’exemple de l’ours chasseur ne fut pas perdu ; on rechercha les trous de phoques et l’on se mit à l’affût ; plusieurs de ces animaux succombèrent ainsi sous les balles des habiles tireurs.

Cependant les matelots avaient repris leur navigation et la mer devenait de plus en plus mauvaise, le vent de plus en plus violent, le froid de plus en plus vif. Ils eurent à essuyer plusieurs tempêtes et après avoir repris la voie de terre, ils continuèrent ainsi leur route pendant plusieurs jours sans savoir exactement où ils allaient et sans même pouvoir apprécier d’une façon précise le temps, car ils n’avaient pas de calendrier.