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les marins du fraya.

boîtes d’allumettes, une marmite, un chaudron et une hache, tel était l’équipement avec lequel ils commencèrent un voyage de trois cents lieues à travers un pays désert.

Les sept fugitifs trainèrent du bord leur bateau sur les glaces pendant quelques lieues puis ils se trouvèrent arrêtés par une sorte de canal rempli d’eau liquide et ils mirent leur embarcation à flot.

Les maigres provisions furent rapidement épuisées et les horreurs de la faim commençaient à se faire sentir ; on continuait à naviguer dans la fissure qui allait sans cesse, s’élargissant et l’on tendit des lignes mais en vain dans l’espoir de prendre quelque poisson.

Ils commençaient à craindre que la plus horrible des morts interrompît leur voyage dès son début, quand un évènement heureux vint leur rendre l’espoir et le courage.

Le matelot Nielsen promenait sa longue vue sur tous les points de l’horizon, quand tout à coup il poussa un cri de joie.

— Qu’est-ce ? lui demanda un de ses compagnons.

— Abordez mes amis ; là, à tribord, il y a du gibier. Et, sans s’expliquer davantage, il sauta sur des deux fusils, dans le canon duquel il glissa soigneusement une balle de calibre.

On aborda et l’on débarqua silencieusement : Nielsen, suivi d’Olsen qui s’était emparé de l’autre arme chargée, fit signe à ses compagnons de