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les explorateurs contemporains.

nourrir quatre hommes pendant l’hivernage. Encore fallait-il que ces hommes se résignassent à ne consommer que le plus strict nécessaire.

Quand le commandant exposa cette terrible situation à son équipage, deux hommes sortirent des rangs. C’étaient deux matelots nommés l’un Oto Olsen et l’autre Henrik Nielsen :

— Commandant, dirent-ils, nous ne consentirons jamais ni l’un ni l’autre à vous arracher le pain de la bouche. Nous vous déclarons donc que nous sommes déterminés à partir et à aller où Dieu nous conduira.

Tous les matelots voulurent imiter ce généreux exemple, mais le capitaine Tobiesen voulut garder avec lui et son fils le lieutenant et le cuisinier du bord.

Les sept hommes de l’équipage, munis d’une petite embarcation à voiles, qui pouvait au besoin servir de traineau sur la glace, quittèrent le navire, espérant pouvoir suivre soit à pied, soit à l’aide de leur barque, les côtes de la Nouvelle-Zemble, et après avoir parcouru du Nord au Sud cette double île, traverser le détroit de Kara, l’île de Waïgatch et le détroit de Yougor, et enfin arriver à la côte du pays des Samoyèdes.

Les malheureux partaient avec le plus maigre des viatiques : deux fusils, un peu de poudre et de plomb, une lunette d’approche, une boussole, quatorze biscuits, un peu de thé, un peu de mélasse, de la viande d’ours blanc pour un repas, quelques