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les marins du fraya.

regagner la Norwège, quand, vers le milieu du mois de septembre, à une époque où, dans les années ordinaires, la mer est encore parfaitement libre, il fut engagé dans les glaces au nord de la Nouvelle-Zemble.

C’était à un véritable malheur ; aussi fit-on, mais en vain, les plus grands efforts pour se délivrer de la prison glacée qui, au lieu de céder, allait sans cesse en se rétrécissant et en offrant un obstacle plus insurmontable.

Il fallut se résigner à hiverner pendant environ neuf mois et attendre dans une désespérante immobilité la débâcle qui surviendrait l’année suivante. Le Fraya se trouvait alors entre le 78e et le 79e degré de latitude.

La perspective d’un aussi long séjour dans ces mers glacées et désertes était d’autant plus épouvantable, que la terre voisine n’offrait aucune sorte de ressource et que le navire de pêche, convaincu d’avoir le temps de rejoindre un port européen, ne s’était approvisionné de vivres que pour la durée de la campagne, et se trouvait démuni de tout en face d’un séjour forcé dans les glaces, au milieu des horreurs d’une longue nuit polaire, sans pain et sans combustible avec des froids de 30 et 40 degrés.

L’équipage du Fraya se composait de onze hommes, parmi lesquels le capitaine Tobiesen et son fils. On fit l’inventaire des provisions et l’on constata avec horreur qu’à peine avait-on assez de vivres pour