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les explorateurs contemporains.

que-là, dans leur coupable apathie, et sans doute pour avoir plus chaud, ils s’étaient entassés dans une unique chambre. Quand il n’y eut plus que deux hommes valides, on se décida à mettre les malades dans une seconde pièce où on les coucha soigneusement enveloppés dans de chaudes couvertures, sur d’excellents matelas dont il y avait une abondante provision. Le froid, qui jusqu’alors s’était maintenu entre 16 et 20°, arriva, le 7 janvier, à 25°, et l’état des malades en fut fortement aggravé. Les deux premiers hommes qui moururent succombèrent le 19, et, bien qu’à cette époque le froid n’eût pas diminué, l’état des autres malades fut pendant une quinzaine, sinon plus satisfaisant, du moins stationnaire. Un troisième décès eut lieu le 21 février ; le thermomètre marquait alors 29° ; mais déjà les rayons du soleil commençaient à blanchir l’horizon.

Un des deux hommes restés valides jusqu’alors et qui avaient servi de garde-malade à leurs compagnons fut atteint à son tour et confia la rédaction du journal à celui qui seul était encore indemne. Le fait est consigné en ces termes dans ce lamentable récit : « Il n’y a plus ici qu’un seul homme bien portant ; que le Seigneur ait pitié de nous ! » Ces mots et la phrase inachevée dont nous avons parlé sont les derniers du journal qui ne contient plus, à partir de ce jour, que des observations thermométriques et l’indication des dates de nouveaux décès. C’est ainsi que nous avons pu cons-