Page:Gros - Les explorateurs contemporains des régions polaires, 1881.djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.
23
la nécropole de mitterhuk.

témoignèrent qu’on en avait mangé une partie du contenu sans prendre même la peine de le délayer dans de l’eau tiède.

Les malheureux insouciants ne tardèrent pas à récolter les fruits amers de leur paresse, de leur malpropreté et de leur négligence pour tout ce qui tient aux soins hygiéniques. Le terrible scorbut se déclara ; nul parmi les réfugiés ne semble avoir connu les moyens thérapeutiques pour le combattre. Le journal qu’ils ont laissé donne un diagnostic poignant de cette cruelle maladie : les malheureux qui en étaient atteints pâlissaient rapidement et, au bout de quelques jours, se sentaient absolument affaiblis ; leur indolence se convertissait en inaction complète ; le moindre mouvement les fatiguait ; puis on voyait leurs gencives se gonfler, devenir rougeâtres et douloureuses ; les dents semblaient ne plus tenir dans leurs alvéoles. C’est alors que sans doute les malheureux malades, sentant la mastication devenir difficile et douloureuse, commencèrent à faire usage des conserves molles. Plus tard les jambes couvertes de plaques rougeâtres ne pouvaient plus supporter le poids du corps ; les vertiges et les palpitations survenaient ; les dents déchaussées tombaient, tandis que les os maxillaires se cariaient et qu’une salivation abondante achevait d’affaiblir les malades.

Le 2 décembre, un premier homme fut attaqué ; le 19, un second se plaignit des premiers symptômes du mal ; le 25, presque tous étaient malades. Jus-