Page:Gros - Les explorateurs contemporains des régions polaires, 1881.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
la nécropole de mitterhuk.

qui passait par là trouva leurs cadavres étendus sur le sol. Ils étaient morts de faim et de froid.

Un hivernage dans les mers polaires est une chose d’autant plus effroyable qu’il a lieu au milieu des ombres mortelles de la longue nuit qui dure trois mois et qui ne s’éclaire qu’à courts intervalles, grâce aux lueurs fugitives des aurores boréales. Les matelots réfugiés dans la maison de Mitterhuk y arrivèrent vers le milieu d’octobre et le journal qu’ils ont laissé constate qu’ils employèrent les premiers jours de leur séjour à chasser l’ours blanc, les renards bleus et les rennes. Furent-ils malheureux dans leurs tentatives, ou déjà la mollesse qui devait leur coûter la vie régnait-elle chez eux ? Toujours est-il que cette chasse fut peu fructueuse. Cela d’ailleurs n’avait guère d’importance, car, eussent-ils été trois fois plus nombreux, les vivres accumulés dans les magasins auraient suffi à les nourrir jusqu’à leur rapatriement.

Le point important, pour quiconque est appelé à vivre dans les régions glacées qui environnent les pôles, est d’y déployer une incessante et éternelle activité. Les précautions, qui avaient été prises par le gouvernement norvégien pour rendre plus facile et plus confortable le séjour à Mitterhuk, eurent exactement des conséquences contraires à celles qu’on en attendait. La maison était trop solide et trop bien close pour que les ours blancs osassent en tenter l’assaut ; leurs ongles formidables s’y seraient émoussés ; l’abondance des provisions de