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les explorateurs contemporains.

pris le parti de se réfugier dans la maison de Mitterhuk.

Cette maison était vaste et chaude ; on y avait entassé des provisions de toute espèce, vivres, vêtements, armes, munitions, combustible. Une sage pensée de ses organisateurs y avait fait introduire en outre divers outils et instruments de travail. Les naufragés pouvaient ainsi occuper leurs longs loisirs et déployer cette activité si nécessaire à la vie dans ces régions glacées.

Les matelots qui se rendirent dans le refuge de Mitterhuk appartenaient à divers bateaux et sans doute plusieurs ne se connaissaient pas entre eux. Le malheur voulut qu’aucun chef énergique et respecté ne se trouvât parmi eux ; sans cela, une direction ferme et intelligente aurait sans doute combattu l’apathie dans laquelle vécurent ces hommes et qui fut la principale cause de leurs malheurs.

Parmi eux se rencontraient la plupart des matelots du Matillas, dont le navire avait été si fort endommagé par le mauvais temps et était si complètement dépourvu de vivres que l’équipage tout entier dut l’abandonner, ne laissant à bord que le capitaine et un seul matelot. Ces deux hommes ne furent du reste pas plus heureux que ceux de leurs compagnons qui gagnèrent le Mitterhuk. Voyant leur navire qui faisait eau de toute part et qui était arrivé à l’impossibilité de naviguer davantage, ils se décidèrent à l’abandonner et à dresser une tente sur une côte déserte. L’été suivant un bateau pêcheur