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la nécropole de mitterhuk.

fourrure, ses mains étaient gantées. Sur une de ses joues et à la tempe s’ouvrait une large plaie béante d’où un long et lugubre ruisseau sanglant était descendu jusqu’à terre, en suivant les parois de la caisse qui lui servait de siège. Le capitaine Mack exprima d’abord la pensée que ce malheureux avait dû être victime d’un acte de frénésie d’un de ses compagnons ; mais un examen plus attentif démontra aux visiteurs qu’il avait dû rester le dernier survivant et que, pris de désespoir, il s’était lui-même frappé et fracassé la tête contre un angle de la caisse sur laquelle il avait expiré.

Un journal placé près de ce cadavre a permis de reconstruire en détail toutes les péripéties de ce drame funèbre. Le malheureux fou, qui le dernier avait succombé, pris à la gorge par le désespoir qu’entrainait la vue de tous ses compagnons morts, avait tracé les dernières lignes de cette horrible épopée. La phrase qu’il avait écrite, incomplète et incompréhensible, témoigne de l’état mental de celui qui l’avait écrite. Nous allons rappeler brièvement les évènements qui amenèrent cette catastrophe et les détails de cette horrible agonie.

Nous avons dit que le froid subit survenu l’année précédente, pendant le mois de septembre, avait surpris et enfermé dans les glaces, au nord du Spitzberg, un certain nombre de bateaux-pêcheurs. Beaucoup de matelots, après avoir attendu vainement le retour d’une température plus clémente et voyant la saison d’hiver arriver à grands pas, avaient