Page:Gros - Les explorateurs contemporains des régions polaires, 1881.djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
les explorateurs contemporains.

du cap Thordsen, au nord du Spitzberg. Le gouvernement norvégien qui avait pris l’initiative de cet établissement l’avait muni abondamment de provisions de toute nature ; aussi, quand le froid subit, qui se déclara dans les régions polaires au mois de septembre 1872, empêcha le retour d’un grand nombre de bateaux de pêche qui s’étaient aventurés dans ces parages et qui furent tout à coup enfermés dans les glaces, les parents et les amis des aventureux navigateurs furent-ils relativement tranquillisés sur leur sort. Nul marin norvégien en effet n’ignorait l’existence du refuge de Mitterhuk et il y avait lieu d’espérer que tous ceux que l’hiver subit aurait surpris sans moyens d’existence, suffisants pour attendre la belle saison, sauraient bien se frayer à travers les glaces un passage et venir se réfugier dans la solide et confortable maison de bois.

Le 16 juin 1873, le capitaine Mack, qui commandait un bateau de pêche, résolut d’aller visiter la maison de Mitterhuk, afin d’y prendre à son bord les marins que le froid et la nécessité auraient obligés de s’y réfugier pour passer l’hiver. Il tenta vainement de faire pénétrer son navire dans l’Isfjord et, le 17 au matin, il prit le parti d’envoyer à l’établissement un harponneur monté sur une embarcation. Après une attente qui ne dura pas moins de dix heures, le capitaine Mack vit revenir son matelot qui lui apportait la plus épouvantable des nouvelles. Aucun être vivant ne restait à Mitterhuk : on n’y rencontrait qu’une série de cadavres sur l’un