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la nécropole de mitterhuk.

mers dont sont couvertes les régions polaires. Chaque voyage qui a pour but la découverte des terres si peu connues qu’on rencontre soit au pôle arctique, soit au pôle antarctique, entraîne ceux qui s’y hasardent à des catastrophes terribles et journalières. Le récit de ces entreprises gigantesques, qui ont été si nombreuses dans notre siècle et qui ont eu pour objet la recherche du point précis où se trouve le pôle nord, n’est qu’une série d’aventures lamentables, où chaque jour offre ses périls et compte ses martyrs. Ce ne sont point seulement les explorateurs que l’ardent amour de la science entraine d’une force invincible vers l’inconnu qui ont à subir ces dangers, ces péripéties, ces catastrophes. Il y a à côté d’eux toute une série modeste de navigateurs inconnus qui, chaque année, dans le but d’acquérir un gain médiocre, vont s’enfoncer dans ces régions glacées pour s’y livrer à la chasse et à la pêche et rapporter dans leur pays la dépouille des baleines, des phoques et des ours blancs qu’ils ont capturés.

Les nations qui envoient dans les mers polaires leurs pêcheurs ont pris l’initiative de créer sur certains points accessibles des côtes un certain nombre de refuges, dans lesquels les navigateurs retenus par un hiver précoce, ou qu’une tempête inattendue a désemparés, peuvent venir chercher un abri, passer l’hiver et attendre l’arrivée d’un navire qui les ramène dans leur patrie. Telle était la solide maison de bois construite à Mitterhuk, sur un des points