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les explorateurs contemporains.

Le quartier-maître Harvey et le matelot Madden s’offrirent pour renouveler à deux la tentative que, seul, le lieutenant n’avait pu mener à bien, et ils s’embarquèrent dans le canot après s’être munis d’une corde destinée à relier le glaçon à la côte.

Ils atteignaient la terre quand tout à coup ils s’entendirent héler par l’officier. Ils retournèrent la tête et virent que le glaçon sur lequel étaient restés leurs camarades s’en allait à la dérive et s’éloignait de la côte.

— Larguez l’amarre ! leur cria Bellot.

Les deux matelots se hâtèrent de gagner un tertre élevé, afin de voir s’il ne leur restait aucun moyen d’aller au secours de ceux que la glace emportait. Ils les virent disparaître loin de la terre et prenant la direction du haut du canal. Ils se sentirent presque rassurés, car c’était certainement par là que devaient se trouver les Américains.

Cependant Bellot était resté debout avec les deux matelots William Johnson et David Hook sur le haut du glaçon, s’abritant contre le vent près du traineau qui leur avait servi jusque-là. Il s’efforçait de rassurer ses compagnons, et gardait ce calme imperturbable qui n’abandonne jamais les hommes vaillants à l’heure du danger. Le vent soufflait avec force du sud-est et il tombait une neige épaisse.

— Ne restons point inactifs, dit l’officier, et préparons une tente qui nous servira d’abri.

Leurs efforts furent infructueux et, sur l’ordre de Bellot, les matelots prirent leurs couteaux et se