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mort de rené bellot.

glaçon et la terre était un bras de mer à peu près libre et ne contenait qu’un certain nombre de petits blocs de glace, insuffisants pour donner asile à cinq hommes. Bellot tenta d’arriver à la côte sur le léger esquif de caoutchouc ; mais le vent qui soufflait de terre était si violent qu’il ne put y réussir.

Ses compagnons commençaient à montrer une vive inquiétude.

Le matelot Madden témoigna même son mécontentement de ce que le chef de l’expédition, au lieu de naviguer au milieu du canal, avait préféré suivre la route bien plus difficile qu’il avait prise, en suivant les côtes à une faible distance.

— Je me suis conformé aux ordres que j’ai reçus, reprit Bellot ; d’ailleurs, estimez-vous heureux d’accomplir la mission qui vous est confiée, elle sera d’autant plus glorieuse que vous aurez eu à braver plus de périls. Puisez votre courage dans le sentiment du devoir accompli.

Le matelot Jonhson était assis assez près du lieutenant et s’entretenait avec le quartier-maître Harvey. Tous deux parlaient des dangers de la situation présente.

— Moi, dit Johnson, je n’ai pas peur ; car, quoi qu’il puisse arriver, nous ne serons pas abandonnés et nous trouverons des secours.

— Oui, dit en intervenant le lieutenant Bellot, l’expédition américaine ne peut être loin de nous et, avec l’aide de Dieu, pas un cheveu ne tombera de nos têtes.