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mort de rené bellot.

avançaient rapidement de leur côté et bientôt nous nous embrassâmes avec toute la joie d’amis qui ont cru ne jamais se revoir. »

Ce ne fut que le 8 septembre, près d’un an et demi après leur départ d’Angleterre, que les navigateurs parvinrent à dégager leur navire, le Prince Albert, des glaces qui l’avaient emprisonné. Bellot, à son retour à Londres, fut l’objet de manifestations enthousiastes. Le jeune marin français, fier des terres nouvelles qui avaient été découvertes pendant cette navigation, s’efforça dès qu’il fut revenu en France, de démontrer à ses compatriotes combien une expédition française pourrait être utile à la science et apporter de gloire à notre marine. On resta sourd à ses appels réitérés. Renonçant dès lors à convaincre le ministre, il se borna à solliciter de lui une permission nouvelle pour retourner au service de l’Angleterre, explorer les régions polaires. Lady Franklin, pleine d’admiration pour le dévouement chevaleresque du jeune Français, lui offrit le commandement d’un navire ; et Kennedy, l’ancien capitaine du Prince Albert, sollicita l’honneur de servir sous les ordres de Bellot après avoir été son chef. Le jeune lieutenant refusa d’accepter la responsabilité d’un tel commandement et se contenta de partir comme second à bord du navire le Phénix, commandé par le capitaine Inglefield.

La nouvelle expédition quitta Woolwich le 11 mai 1853. C’est pendant ce voyage qu’il devait trouver la mort.