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les explorateurs contemporains.

résolu cette fois à retrouver ceux que les glaces avaient emportés.

En vain Bellot et les hommes qui l’accompagnaient fouillaient du regard les côtes désertes de ces contrées glacées, nulle part la moindre trace ne se montrait pour leur rendre l’espérance. Plusieurs journées se passèrent ainsi dans des courses affolées à travers les neiges amoncelées et les glaces ; enfin ils arrivèrent au cap Seppings. Nous laisserons ici la parole au lieutenant Bellot, qui raconte en termes émus comment se termina heureusement son aventureuse entreprise :

« Nous déchargeâmes nos armes plusieurs fois à de courts intervalles, dans l’espérance que les échos porteraient ces détonations au campement de ceux que nous cherchions. La neige qui augmentait toujours, nous dérobait la vue des terres placées devant nous ; nos yeux interrogeaient vainement la glace pour y trouver quelque empreinte annonçant le voisinage de l’homme ; mais la glace était muette ainsi que l’air ; toute conversation avait cessé et le bruit monotone de nos pas troublait seul la solitude…

« … À un mille de la tente, la terre s’éclairait un peu et, avec ma lorgnette, nous distinguions une masse noire. Il me sembla que cela remuait ; je n’y pus tenir plus longtemps ; et, courant à perdre haleine, je partis en promettant à mes compagnons de leur faire connaître bientôt ce que nous devions penser. Quelques instants après, mes hourras leur annonçaient que nos amis étaient devant nous. Ils