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mort de rené bellot.

neau, soit à pied, furent faites par notre compatriote, loin du navire emprisonné dans les mers, le capitaine Kennedy et cinq hommes qu’il avait emmenés avec lui furent enlevés inopinément sur un glaçon qui se détacha et se perdit dans l’immensité de la baie d’Hudson. Bellot ne voulut point abandonner son chef et, résolu à périr cent fois plutôt que de le laisser sans secours, il partit à sa recherche accompagné de trois hommes de l’équipage.

Les plus terribles dangers ne tardèrent pas à les environner. Le lendemain même du jour où ils avaient quitté leur navire, une affreuse tempête de neige les enveloppa de toutes parts. Aveuglés par des tourbillons, enfonçant dans un sol mobile, ne sachant plus ni où ils se trouvaient, ni de quel côté ils devaient se diriger, ils comprirent que la seule chance de salut qu’il leur restât était de revenir sur leurs pas. Mais, dans cette retraite encore, de nouveaux obstacles vinrent s’opposer à leur marche. Partout ils rencontraient des fondrières de neige molle, dans lesquelles ils s’enfonçaient jusqu’à mi-corps, et quelquefois même disparaissaient tout entiers. Quand, après plus d’un jour de marche, ils reconnurent le point où ils se trouvaient, ils s’aperçurent qu’ils ne s’étaient rapprochés du navire que de cinq milles à peine.

Cette première tentative infructueuse, et qui avait semblé tant de fois devoir coûter la vie à ceux qui l’avaient entreprise, ne découragea point l’héroïque lieutenant Bellot. Le 12 octobre, il repartit, bien