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NOTICE SUR GRISIER.

Nous l’avons déjà dit, Grisier, comme Saint-Georges, son devancier, qu’il appelle toujours son maître, cultivait les muses. Le capitaine des chasses du duc d’Orléans jouait du violon comme Jarno- ^ wick, il était poëte et homme desprit à ses heures. S’il fit de mauvais opéras comiques, il faut convenir aussi que les poèmes qui lui furent donnés par Laclos étaient loin d’être excellents. Grisier ne compose pas, il ne fait pas de bouquets à Chloris comme La Boëssière, mais ne le croyez pas ennemi de l’art ; il n’est revenu en France, il n’a quitté la Russie que grâce a un couplet de vaudeville... Oui, sceptique lecteur, c’est un couplet de facture, un couplet comme Bernard-Léon en chantait dans le beau temps du Gymnase, avant que le Gymnase ne fût devenu sentimental , qui nous a ramené Grisier. Chez une belle et noble dame de Pétersbourg, il assistait un soir à un concert, songeant peut-être à Elleviou ou à Garât. Une princesse russe — les pianistes français ont tonjours des princesses russes pour élèves — arrivait alors de Paris ; on l’entoure, on la conjure, on se met à genoux devant elle pour qu’elle chante un petit air parisien ; rien qu’un petit air ! les nobles russes aiment tant la France et les Français, excepté M. le marquis de Custines ! mais en ce temps-là M. de Custines n’existait pas. Donc , voilà notre virtuose au piano ; elle s’exécute de bonne grâce. Elle fut humaine et ne chanta pas l’opéra séria. Au contraire, une voix flfttée, une voix comme celle de cette malheureuse Jenny Colon, emportée si vite, se perdit dans le détail d’un couplet de facture. Elle chanta un air d’une pièce alors en vogue au Gymnase ; cette pièce se nommait le Premier prix .

Qui fut bien surpris d’entendre son nom dans ce couplet ? qui fut