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os, surtout de leur substance compacte, après lesquelles on voit survenir des mortifications, c’est-à-dire la nécrose de la surface osseuse entamée.

Dans les muscles, à la peau, partout en un mot où le tissu conjonctif est abondant et peut, par suite, se modifier à son aise, la réaction est rapide, les bourgeons apparaissent bientôt et se développent avec une grande facilité. Ces différences sont surtout sensibles dans une plaie complexe par la variété des tissus qui la composent ; on voit là des points couverts par du tissu mortifié, ou portant des bourgeons peu développés, alors qu’au voisinage le bourgeonnement se produit avec rapidité et ne tarde pas à s’élever au niveau du plan cutané, si on ne le réprime afin d’éviter la formation d’une fistule.

Un fait remarquable dans l’histoire de la cicatrisation et dont l’observation clinique donne une démonstration journalière irréfragable, c’est la facilité avec laquelle guérissent les plaies siégeant à la tête, et la lenteur, l’imminence des accidents qui caractérisent celles qui affectent les membres.

Cette particularité s’observe aussi bien chez l’homme que chez nos animaux domestiques. Cette différence dans l’activité du travail réparateur des plaies ne peut être attribuée à une différence de texture des tissus lésés ; le tissu cellulaire est aussi abondant aux membres qu’à la tête. Mais ne serait-elle pas due à ce que la circulation s’effectue avec une plus grande facilité, avec plus de rapidité dans la tête que dans les membres ? Dans le premier cas, le sang descend aisément dans les veines aidé par l’action de la pesanteur ; tandis que, dans le second cas, il est obligé de monter contre la direction de cette force : ce qui détermine, à la moindre lésion, une stase sanguine plus forte