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immédiate que l’autre, s’effectuant sans inflammation à l’aide du sang extravasé qui se solidifierait, s’organiserait et deviendrait vasculaire. Une cicatrisation sans inflammation et à l’aide du sang qui se comporte à la manière d’une trame, d’un substratum, au milieu duquel peuvent s’inoculer des vaisseaux, parut impossible à la majorité des auteurs ; et tous de s’élever contre une pareille théorie. Voici en quels termes Cruveilhier repousse cette opinion : « Le sang extravasé ne s’organise jamais ; il a perdu par le seul fait de son extravasation les conditions de vitalité qu’il ne retrouve jamais ; c’est un véritable corps étranger qui, à l’abri du contact de l’air, solidifié par l’absorption, peut rester inoffensif dans l’épaisseur des tissus, soit à l’état d’infiltration, soit à l’état de foyer, mais qui est absolument incapable d’organisation et de vie. » (Loc. cit.) Cette opinion, qui est fondée dans certains cas où le sang se comporte comme un véritable corps étranger, était surtout la conséquence du rôle exclusif qu’on faisait jouer à la lymphe plastique dans la cicatrisation des plaies. Tout ce qui n’était pas cette substance devait être considéré comme un obstacle à ce phénomène. Or, nous savons que la lymphe plastique de ces auteurs, la matière exsudée à la surface de la plaie, n’est autre chose que de la fibrine, destinée à se transformer en substance fibreuse intercellulaire. D’un autre côté, tout le monde sait que le caillot sanguin a pour base la fibrine coagulée, renfermant dans ses mailles les corpuscules rouges du sang. De sorte qu’il ne diffère de la lymphe plastique que par la présence des corpuscules sanguins : différence à peu près insignifiante, vu la facilité avec laquelle ces globules sont résorbés. Le caillot sanguin pourra donc se comporter comme la lymphe exsudée, c’est-à-dire se laisser pénétrer par les jeunes