Page:Grimm - Traditions allemandes, I, 1838, trad. Theil.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 21 —

elle portait sur la tête une couronne d’or et sa chevelure descendait jusqu’à terre ; au-dessous de la ceinture, elle était un affreux serpent. Cette jeune fille l’avait conduit par la main à un coffre de fer, près duquel étaient attachés deux chiens noirs, toujours aboyans, qui en défendaient l’approche ; mais ces chiens, elle les avait apaisés et retenus par leur chaîne, et il avait pu avancer sans autre empêchement. Prenant ensuite un trousseau de clefs qu’elle portait au cou, elle avait ouvert le coffre et en avait retiré diverses pièces, tant d’argent que d’autre métal. Elle lui avait fait présent, avec une grâce toute particulière, d’un assez grand nombre de ces pièces, qu’il avait emportées avec lui en sortant, et qu’il a même montrées à plus d’une personne. La jeune fille lui avait dit aussi qu’elle était de race royale, mais qu’elle avait été maudite et métamorphosée en monstre, et qu’elle ne serait délivrée que quand un jeune garçon, dont l’innocence n’aurait encore souffert aucune atteinte, lui aurait donné trois baisers ; qu’alors elle recouvrerait sa première forme ; et que, pour prix de sa délivrance, elle donnerait à son libérateur toutes les richesses qu’elle tenait cachées dans ce lieu. Il raconta encore qu’il avait déjà donné deux baisers à la jeune fille, mais qu’à chacun de ces deux baisers, la joie d’une