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la frappa point. Cependant il ne s’éloignait pas. Le troisième jour, la plus jeune sœur dit aux autres : « Je vois maintenant quelle est la volonté de Dieu : c’est moi qui dois mourir. » Elle fit appeler un prêtre, reçut la sainte communion ; puis elle fit son testament et disposa que, le jour de sa mort, on donnerait un grand dîner et des présens à tous les pauvres de la paroisse. Cela fait, elle descendit résignée, s’assit, et quelques instans après, la foudre tomba et la tua.

Plus tard, lorsque le château ne fut plus habité, on l’a souvent vue errer comme une bonne âme aux environs. Un pauvre berger qui avait perdu tout ce qu’il possédait, et dont les dernières ressources allaient être saisies le lendemain sur la poursuite d’un créancier impitoyable, étant venu dans le Boynebourg faire paître son pauvre troupeau, aperçut assise au soleil, près de la porte du château, une jeune vierge blanche comme la neige. Elle avait déployé un linge blanc, sur lequel étaient des gousses qui devaient s’ouvrir au soleil. Le berger fut surpris de trouver, dans ce lieu solitaire, une jeune fille ; il s’approcha d’elle et dit : « Oh ! les belles gousses ! » Il en prit une couple dans sa main, les regarda, puis les remit à leur place. La jeune fille jeta sur lui un regard bien-