Page:Grimm - Traditions allemandes, I, 1838, trad. Theil.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 15 —

qui filaient avec ardeur ; le diable était aussi là, mais sans puissance, et fortement attaché sous la table devant laquelle elles travaillaient. Tout autour, dans des corbeilles, étaient des amas d’or et de pierres précieuses qui brillaient : la princesse dit au berger qui était là et d’un œil avide contemplait ces trésors : « Prends pour toi tout ce que tu voudras. » Le berger, sans hésiter, prit à pleines mains et mit dans ses poches jusqu’à ce qu’elles furent pleines, puis il voulut s’en aller avec ses richesses ; la princesse lui dit alors : « Va, mais n’oublie pas le meilleur. » Il pensa qu’il ne s’agissait d’autre chose que de ses trésors, et crut avoir bien pris toutes ses précautions, mais la princesse voulait parler de la racine. Or, l’étourdi, en partant, l’avait laissée sur la table où il l’avait posée, pendant qu’il emplissait ses poches. Il sortit, et la porte, en se refermant avec fracas derrière lui, heurta violemment ses talons, sans lui faire plus de mal, mais elle aurait bien pu le tuer. Le berger se réjouissait de porter chez lui tant de richesses ; hélas ! il ne sut plus retrouver l’entrée de la caverne.