Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/94

Cette page n’a pas encore été corrigée

son cœur de voir son maître renversé sur le derrière de cet animal, tant il metoit de force à tirer son licou, pour le retenir. Enfin, destitué de tout secours, et désespérant de pouvoir vaincre l’opiniâtreté de son Ane, il prit le parti de se retenir aux ailes du Théâtre, et de laisser glisser l’animal entre ses jambes pour aller faire telle Scène qu’il jugeroit à propos. Quand on fait réflexion au caractère d’esprit de Molière, à la gravité de sa conduite, et de sa conversation, il est risible que ce Philosophe fût exposé à de pareilles avantures, et prît sur lui les Personnages les plus comiques. Il est vrai qu’il s’en est lassé plus d’une fois, et si ce n’avoit été l’attachement inviolable qu’il avoit pour les plaisirs du Roi, il auroit tout quitté pour vivre dans une molesse philosophique, dont son domestique, son travail, et sa Troupe l’empêchoient de jouir. Il y avoit d’autant plus d’inclination qu’il étoit devenu très valétudinaire, et il étoit réduit à ne vivre que de lait. Une toux