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pour s’amuser et s’étourdir sur ses déplaisirs. Sa plus douloureuse réflexion étoit, qu’étant parvenu à se former la réputation d’un homme de bon esprit, on eût à lui reprocher que son ménage n’en fût pas mieux conduit, et plus paisible. Ainsi il regardoit le retour de Baron comme un amusement famillier, avec lequel il pourroit avec plus de satisfaction mener une vie tranquile, conforme à sa santé et à ses principes, débarassé de cet atirail étranger de famille, et d’amis même qui nous dérobent le plus souvent par leur présence importune les momens les plus agréables de notre vie.

Baron ne fut pas moins vif que Molière sur les sentimens du retour : il part aussitôt qu’il eut reçu la lettre : et Molière ocupé du plaisir de revoir son jeune Acteur quelques momens plutôt, fut l’atendre à la porte Saint Victor le jour qu’il devoit arriver. Mais il ne le reconnut point. Le grand air de la campagne et la course l’avoient tellement harrassé et défiguré, qu’il le laissa passer sans le re-