Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/77

Cette page n’a pas encore été corrigée

femme : sans se mettre en peine de répondre à l’amitié qu’elle vouloit exiger de son mari, elle ne pouvoit souffrir qu’il eût de la bonté pour cet enfant, qui de son côté à treize ans n’avoit pas toute la prudence nécessaire, pour se gouverner avec une femme, pour qui il devoit avoir des égards. Il se voyoit aimé du mari ; necessaire même à ses spectacles, caressé de toute la Cour, il s’embarassoit fort peu de plaire, ou non à la Molière : elle ne le négligeoit pas moins ; elle s’échapa même un jour de lui donner un soufflet sur un sujet assez léger. Le jeune homme en fut si vivement piqué qu’il se retira de chez Molière : il crut son honneur intéressé d’avoir été batu par une femme. Voilà de la rumeur dans la maison. « Est-il possible, dit Molière à son Épouse, que vous ayez eu l’imprudence de fraper un enfant aussi sensible que vous connaissez celui-là ; et encore dans un tems où il est chargé d’un rolle de six cens vers dans la pièce que nous devons représen-