Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/68

Cette page n’a pas encore été corrigée

mangea ce qu’elle avoit d’argent avec un Gentil-homme de Monsieur le Prince de Monaco, nommé Olivier, qui l’aimoit à la fureur, et qui la suivoit par tout ; de sorte qu’en très-peu de tems sa Troupe fut réduite dans un état pitoyable. Ainsi destituée de moyens pour jouer la Comédie à Rouen, la Raisin prit le parti de revenir à Paris avec ses petits Comédiens, et son Olivier.

Cette femme n’aïant aucune ressource, et connoissant l’humeur bien-fesante de Molière, alla le prier de lui prêter son Théâtre pour trois jours seulement, afin que le petit gain qu’elle espéroit de faire dans ses trois représentations lui servit à remettre sa troupe en état. Molière voulut bien lui acorder ce qu’elle lui demandoit. Le premier jour fut plus heureux qu’elle ne se l’étoit promis ; mais ceux qui avoient entendu le petit Baron, en parlèrent si avantageusement, que le second jour qu’il parut sur le Théâtre, le lieu étoit si rempli, que la Raisin fit plus de mille écus.