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On ne pouvoit souhaiter une situation plus heureuse que celle où il étoit à 1a Cour, et à Paris depuis quelques années. Cependant il avoit cru que son bonheur seroit plus vif et plus sensible, s’il le partageoit avec une femme ; il voulut remplir la passion que les charmes naissans de la fille de la Béjart avoient nourrie dans son cœur, à mesure qu’elle avoit cru. Cette jeune fille avoit tous les agrémens qui peuvent engager un homme, et tout l’esprit nécessaire pour le fixer. Molière avoit passé des amusemens que l’on se fait avec un enfant, à l’amour le plus violent qu’une maîtresse puisse inspirer. Mais il savoit que la mère avoit d’autres vues, qu’il auroit de la peine à déranger. C’étoit une femme altière, et peu raisonnable, lorsqu’on n’adhéroit pas à ses sentimens : elle aimoit mieux être l’amie de Molière que sa belle-mère : ainsi il auroit tout gâté de lui déclarer le dessein qu’il avoit d’épouser sa fille. Il prit le parti de le faire sans en rien dire à cette femme. Mais comme elle l’obser-