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Troupe. Il se souvint qu’un an auparavant un jeune homme lui avoit aporté une pièce intitulée Théagène et Chariclée, qui à la vérité ne valoit rien ; mais qui lui avoit fait voir que ce jeune homme en travaillant pouvoit devenir un excellent Auteur. Il ne le rebuta point, mais il l’exhorta de se perfectionner dans la Poésie, avant que de hazarder ses Ouvrages au Public : et il lui dit de revenir le trouver dans six mois. Pendant ce tems-là Molière fit le dessein des Frères Ennemis ; mais le jeune homme n’avoit point encore paru : et lorsque Molière en eut besoin, il ne savoit où le prendre : il dit à ses Comédiens de le lui déterrer à quelque prix que ce fût. Ils le trouvèrent. Molière lui donna son projet ; et le pria de lui en aporter un acte par semaine, s’il étoit possible. Le jeune Auteur, ardent et de bonne volonté, répondit à l’empressement de Molière ; mais celui-ci remarqua qu’il avoit pris presque tout son travail dans la Thébaïde de Rotrou. On lui fit entendre que l’on