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de Paris, vivant bien noblement, mais dans les chagrins que l’humeur et la beauté de sa femme lui avoient assez publiquement causés, s’imagine que Molière l’avait pris pour l’original de son Cocu imaginaire. Ce Bourgeois crut devoir en être offencé ; il en marqua son ressentiment à un de ses amis. « Comment! lui dit-t-il, un petit Comén dien aura l’audace de mettre impunément sur le Théâtre un homme de ma sorte? » (Car le Bourgeois s’imagine être beaucoup plus au-dessus du Comédien, que le Courtisan ne croit être élevé au-dessus de lui.) « Je m’en plaindrai, ajouta-t-il : en bonne police on doit réprimer l’insolence de ces gens-là : ce sont les pestes d’une Ville ; ils observent tout pour le tourner en ridicule. » L’ami, qui étoit homme de bon sens, et bien informé, lui dit : « Eh! Monsieur, si Molière a eu intention sur vous, en fesant le Cocu imaginaire, de quoi vous plaignez-vous? Il vous a pris du beau côté ; et vous se-