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égales à la Coquette, et à l’Homme à bonnes fortunes, je leur ferai réparation ; qu’ils me montrent deux traductions comiques aussi bien acommodées à notre Théâtre que l’Andrienne, et les Adelphes, je passerai condamnation de leurs plaintes. Mais, réplique mon Censeur, ces Adelphes sont tombés. Et bien je le veux, il est bien tombé d’autres Pièces excellentes. Le Misantrope, l’Avare de Molière ont eu le même sort dans un tems où l’on alloit en foule au spectacle. Et à suivre la règle de mon Auteur, si les Journaux ne lui imposent point pour juger d’un Ouvrage, le Public ne m’impose point aussi pour juger d’une Pièce de Théâtre. Son goût dégénère tous les jours : acoutumé depuis quelque tems à des traits grossiers, il n’est plus susceptible de délicatesse. On juge aujourd’hui avec prévention, avec caprice, avec ignorance. On voit avec empressement un Ouvrage assez commun ; on aplaudit foiblement à un meilleur, on le néglige. Je n’ai point jugé des Adelphes par l’évènement ; son quatrième acte m’auroit fait passer sur bien des défauts. Ainsi lorsque j’ai dit que Baron étoit celui des Auteurs qui avoit le mieux soutenu le Théâtre Comique depuis Molière, j’ai dit ce que j’ai pensé, et ce que