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l'ennuyeux livre ! Molière a eu des aventures, il falloir nous les donner, elles nous auraient divertis. Mais le Critique n’en veut point, quand on les lui présente : il fait l’homme grave, quand on veut l’égayer. Molière ne l’intéresse pas dans son Domestique ; et avec un air de diférence, il dit qu’il se seroit bien passé de sa vie, puisqu’elle ne touche point l‘État. Je ne sçai si le Public recevra ce sentiment ; mais il est, ce me semble, bien méconnoissant. Nous souhaittons toujours connoitre ceux qui contribuent à notre satisfaction, cette curiosité est une espèce de reconnoissance que nous devons aux Personnes de probité et de mérite. Tout petit qu’étoit Molière par sa naissance et par sa profession, j’ai rapporté des traits de sa vie que les Personnes les plus élevées se feroient gloire d’imiter ; et ces traits doivent plus toucher dans Molière que dans un Héros.

« Mais c’est cela même dont je me plains,» dit mon Censeur : « vous ne m’avez point donné le beau de Molière ; vous me l’avez représenté comme un homme fort commun, par de petites avantures qui ne sont bonnes qu’à amuser de petits Lecteurs. Ce n'est point là Molière ; il a eu des Scènes à la Cour : pourquoi ne pas nous en faire