Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/226

Cette page n’a pas encore été corrigée

aiment mieux faire un bon Livre exprimé foiblement, que de risquer de lui donner la grace et le feu qu’il pourrait avoir par un stile choisi. J’ai cru que je pouvais sortir de cette circonspection servile, et qu’assuré par de longues observations, je pouvois placer quelques termes, et quelques expressions ; sur tout dans une matière, où j’avois beaucoup de choses à ménager, pour n’en pas rendre la lecture désagréable.

Les Caractères, les Conditions, les Matières ont leurs termes : le Courtisan ne parle point, comme le Bourgeois ; l’homme d’esprit, comme l’homme commun ; on ne rend point une avanture avec le stile du sérieux. Tout cela forme de diférens langages que mon Censeur n’a point encore étudiés, et il a pris pour égarement ce qui lui a paru nouveau.

Je ne puis m’empêcher de relever ces termes, est-il de I’Académie ? Non je n’en suis point, et je ne crois pas que jamais je mérite d’en être. Mais a-t-il été interdit par quelque ordonnance, à tous ceux qui ne sont pas de l’Académie, de cultiver la langue, de débarasser le stile de ces ornemens étrangers qui le rendent confus, d’éviter l’École, d’imiter la Nature, et même de hazar-