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survivance de la Charge du père dans un âge peu avancé : ils n’épargnèrent aucuns soins pour le mettre en état de la bien exercer ; ces bonnes Gens n’aïant pas de sentimens qui dûssent les engager à destiner leur enfant à des occupations plus élevées : de sorte qu’il resta dans la boutique jusqu’à l’âge de quatorze ans ; et ils se contentèrent de lui faire apprendre à lire et à écrire pour les besoins de sa profession.

Molière avoit un grand-père, qui l’aimoit éperduement ; et comme ce bon homme avoit de la passion pour la Comédie, il y menoit souvent le petit Pocquelin, à l’Hôtel de Bourgogne. Le père qui appréhendoit que ce plaisir ne dissipât son fils, et ne lui ôtât toute l’attention qu’il devoit à son métier, demanda un jour à ce bon homme pourquoi il menoit si souvent son petit-fils au spectacle ? « Avez-vous », lui dit-il, avec un peu d’indignation, « envie d’en faire un Comédien ?— Plût à Dieu », lui répondit le grand-père, « qu’il fût aussi bon