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aller à la Comédie. Il a épargné tant d’autres véritez à des personnes qui ne les valent pas, tout Comédiens qu’ils sont ; il pouvoit bien encore épargner à la Troupe le chagrin que de tels sentimens partissent d’un homme qu’ils reconnoissent pour leur Maître, et qui a été si long-temps à leur teste. Car à regarder les Comédiens du côté des mœurs, ils en ont de bonnes comme les autres ; et s’il y en a quelques-uns qui n’édifient pas, il y en a d’autres qui cultivent la vertu. Je vous avoue, Monsieur, que ce discours de Molière m’a révolté ; il n’y a personne qui ne parlât contr’eux avec plus de modération.

Mais, Monsieur, pourquoy l’Auteur introduit-il Chapelle pris de vin dans cette occasion ? Molière pouvait bien, sans lui, faire entendre raison à ce jeune fils d’Avocat. Quelle impertinence Chapelle ne vient-il pas dire ? C’est, dit-il, un vol que ce jeune homme fera au Public s’il ne se fait Prédicateur ou Comédien. Comme si les principes de la déclamation étoient les mêmes dans ces deux professions si oposées ! L’Auteur fait bien connoitre par cette proposition, qu’il n’entend ni l’action de la Chaire, ni l’action du Théâtre, car je ne puis m’imaginer que cela soit sorti de la bouche de Chapelle, qui