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l’avoit fait, et ce qu’on luy fit changer, pour lui permettre de la jouer la seconde fois. Mais l’Auteur nous cache jusqu’au nom de celui qui en fit défendre la représentation. Le mystère est répandu dans son Livre depuis le commencement jusques à la fin : c’est une énigme continuelle. Les égards de cet Auteur vont jusqu’à ménager le Valet qui chaussoit Matière à l’envers ; et tout Paris sçait qu’il se nommoit Provençal, et on le connoit sous un autre nom. Cette personne dont Molière fait un si indigne jugement, s’est rendu fort recommandable par son mérite dans les affaires et dans les Méchaniques. Il n’étoit pas né pour être un habile Domestique ; mais il avoit toutes les dispositions pour devenir ce qu’il est. L’Auteur auroit dû luy rendre cette justice, et en faisant connoitre le malheur de son premier âge, relever le mérite de celuy qui l’a suivi. Il ne dépend pas de nous de naitre avec du bien ; mais c’est un grand talent d’en acquérir, comme il a fait par son assiduité, et par son intelligence. Je le nommerois, si je ne voulois épargner a l’Auteur la confusion publique de l’avoir maltraité si mal-a-propos. Je suis assez content de l’Histoire du Misantrope : mais je n’approuve nullement que