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l’Auteur n’est pas plus juste : Molière, dit-il, ne reconnoîtroit pas ses Ouvrages, s’il les voyoit représenter aujourd’huy. Voilà un sentiment qui me paraît outré ; car je ne vois pas même que Molière ait jamais mieux représenté le Bourgeois Gentilhomme et Pourceaugnac, que Poisson les représente ; qu’il ait mieux soutenu le caractère du Misantrope, que Beaubourg et Dancourt le font valoir ; plus délicatement grimacé que la Torellière, et ainsi des autres. Il me suflit que le public soit content de leur Jeu, pour que je sois persuadé que j’ay raison ; surtout aujourd’huy, que le bon goût est plus général qu’il ne l’estoit du temps de Molière.

L’Auteur, à cette occasion, nous étale fastueusement dans deux ou trois endroits de grands mots, pour nous faire entendre que le métier de Comédien a de trop grands principes, pour que des gens si mal élevez puissent les sçavoir. Si on le pressoit de les donner, il seroit fort embarrassé, sur ma parole ; car je n’en connais point d’autre que le bon sens, une belle voix, et de beaux gestes. Il semble, a l’entendre parler, que le Jeu de la Comédie soit aussi dificile a acquérir que l’art de précher. Mais quand cela seroit, est-ce l’éducation qui donne la