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qu’il nous dit, s’il nous avoit donné le reste avec sincérité.

Car je ne puis m’imaginer que M. le Prince de Conty ait voulu faire son Secrétaire du Héros de notre Auteur. Mais si la chose est vraye, les amis de ce pauvre Comédien avoient bien raison de le blâmer de n’avoir point accepté cet emploi. Il est vray qu’il en donne d’assez bonnes raisons, mais je crois qu’elles sont plutôt de la façon de l’Auteur, que de celle de Molière, qui alors ne connoissoit point assez la Cour pour parler aussi sensément qu’il le fait à ses amis ; et l’honneur et l’agrément d’une telle place devoient au contraire l’éblouir, et il devoit tout quitter pour la prendre, et tout employer pour s’en rendre digne.

Je rencontre une contradiction dans notre Auteur. Il fait dire à Molière en Languedoc, qu’il est passable Auteur : il luy fait souhaiter de venir à Paris, parce qu’il se sentoit assez de forces pour y soutenir un Théâtre Comique ; et lorsqu’il y est arrivé, il se défie de luy, mal-à-propos ; puisque c’est après avoir plu au Roy ; après que Sa Majesté luy eut accordé le Petit-Bourbon pour jouer la Comédie. Franchement ces deux sentimens ne s’accordent pas bien ; je