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m’impose point, et je juge selon l’effet qu’un Ouvrage fait sur mon esprit. Voicy donc, de vous à moy, ce que je trouve de bon et de mauvais dans celuy-cy.

Apparemment que l’Auteur n’a eu intention de faire son livre que pour des gens d’Antichambre, et pour le menu peuple. Il n’y a que ces sortes de personnes qui puissent appeler Molière, Monsieur ; c’estoit un Comédien, c’est-à-dire, un homme d’une profession ignoble, à qui la qualité de Monsieur ne convient nullement. Le Secrétaire du Roy qui a dressé le Privilége de l’Auteur, sçait mieux le cérémonial que luy ; que ne suivoit-il son exemple ? En vérité, il répugne en ouvrant ce Livre, de lire : La Vie de Monsieur de Molière. Si l’Auteur n’avoit pas chargé sur les Comédiens, j’aurois cru qu’il seroit tombé dans cette faute pour leur faire plaisir, mais je vois bien que le pauvre homme l’a fait par ignorance, puisqu’il a assez maltraité ces Messieurs-là.

Quant à son stile, c’est un Auteur qui s’emporte, mais qui paroist assez le maistre de son expression, qu’il hazarde aussi effrontément que s’il estoit le Directeur de la Langue : tout terme, toute expression l’accommode pour se faire entendre. Est-il de