Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/171

Cette page n’a pas encore été corrigée

sa femme, à qui il dit, en présence de Baron : « Tant que ma vie a été mêlée également de douleur et de plaisir, je me suis cru heureux ; mais aujourd’hui que je suis acablé de peines sans pouvoir compter sur aucuns momens de satisfaction et de douceur, je vois bien qu’il me faut quitter la partie ; je ne puis plus tenir contre les douleurs et les déplaisirs, qui ne me donnent pas un instant de relâche. Mais, ajouta-t-il, en réfléchissant, qu’un homme souffre avant que de mourir ! Cependant je sens bien que je finis. » La Molière et Baron furent vivement touchés du discours de Mr de Molière, auquel ils ne s’atendoient pas, quelque incommodé qu’il fût. Ils le conjurèrent, les larmes aux yeux, de ne point jouer ce jour-là, et de prendre du repos, pour se remetre. « Comment voulez-vous que je fasse, leur dit-il, il y a cinquante pauvres Ouvriers, qui n’ont que leur journée pour vivre ; que feront-ils si l’on ne joue pas ? Je me reprocherois