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comme un Grand Seigneur, et il n’auroit pas arangé les plis de sa cravate. II avoit un valet, dont je n’ai pu savoir ny le nom, ny la famille, ny le pays ; mais je sais que c’estoit un demestique assez épais, et qu’il avoit soin d’habiller Molière. Un matin qu’il le chaussoit à Chambord, il mit un de ses bas à l’envers, « Un tel, dit gravement Molière, ce bas est a l’envers. » Aussitost ce valet le prend par le haut, et en dépouillant la jambe de son maître met ce bas à l’endroit. Mais comptant ce changement pour rien, il enfonce son bras dedans, le retourne pour chercher l’endroit, et l’envers revenu dessus, il rechausse Molière. « Un tel, lui dit-il encore froidement, ce bas est à l’envers. » Le stupide domestique, qui le vit avec surprise, reprend le bas, et fait le même exercice que la première fois ; et s’imaginant avoir réparé son peu d’intelligence, et avoir donné seurement à ce bas le sens où il devoit être, il chausse son maître avec confiance : mais ce mau-