Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/143

Cette page n’a pas encore été corrigée

ment au Théâtre ; mais il n’en a pas eu le tems.

Molière trouva mieux son compte dans la Scène suivante, que dans celle du Courtisan ; il se mit dans le vrai à son aise, et donna des marques désintéressées d’une parfaite sincérité ; c’étoit où il triomphoit. Un jeune homme de vingt-deux ans, beau et bien fait, le vint trouver un jour ; et après les complimens lui découvrit qu’étant né avec toutes les dispositions nécessaires pour le Théâtre, il n’avoit point de passion plus forte, que celle de s’y attacher ; qu’il venoit le prier de lui en procurer les moyens, et lui faire connoître que ce qu’il avançoit étoit véritable. Il déclama quelques Scènes détachées, sérieuses et comiques devant Molière, qui fut surpris de l’art avec lequel ce jeune homme fesoit sentir les endroits touchans. Il sembloit qu’il eût travaillé vingt années, tant il étoit assuré dans ses tons ; ses gestes étoient ménagés avec esprit : de sorte que Molière vit bien que