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et dans les sentimens. Et vous l’avez vu, vous même : quand j’ai hazardé quelque chose d’un peu passable, avec quelle peine il m’a fallu en arracher le succès ! Je suis seur que vous qui me blâmez aujourd’hui, vous me louerez quand je serai mort. Mais vous qui faites si fort l’habile homme, et qui passez, à cause de votre bel esprit, pour avoir beaucoup de part à mes pièces, je voudrois bien vous voir à l’ouvrage. Je travaille présentement sur un caractère, où j’ai besoin de telles scènes ; faites-les vous m’obligerez, et je me ferai honneur d’avouer un secours comme le vôtre. » Chapelle accepta le défi : mais lorsqu’il aporta son ouvrage à Molière, celui-cy après la première lecture le rendit à Chapelle ; il n’y avoit aucun goût de théâtre ; rien n’y étoit dans la nature ; c’étoit plustost un recueil de bon mots sans place, que des scènes suivies. Cet ouvrage de Mr de Chapelle ne seroit-il point l’original du Tartuffe, qu’une famille de Paris, jalouse avec justice de