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prenne sérieusement votre imprudence. — Comment ! répliqua Baron, qui s’étoit donné toute liberté de parler devant Molière, vous êtes si bons amis, et Monsieur après une si longue absence n’a à la première vue que des contes à vous dire ? » Le Philosophe touché de cette leçon, qui étoit en sa place, se mit sur les sentimens ; Molière n’en fut pas fâché : car plus homme de Cour que Bernier, et plus ocupé de ses affaires que de celles du grand Mogol, la relation ne lui fesoit pas beaucoup de plaisir. On parla de santé. Molière rendit compte du mauvais état de la sienne à Bernier, qui, au lieu de lui répondre, lui dit qu’il avoit conduit heureusement celle du premier Ministre du Grand Mogol : qu’il n’avoit point voulu être Médecin de l’Empereur lui-même, parce que quand il meurt on enterre aussi le Médecin avec lui. À la fin ne sachant plus que dire sur le Mogol, il offrit ses soins à Molière. « Oh ! Monsieur, dit Baron, Mr de Molière est en de bonnes mains.