Page:Grimarest La Vie de Molière (1705).djvu/126

Cette page n’a pas encore été corrigée

point hazardé de représenter le Tartuffe une seconde fois, sans en avoir auparavant pris l’ordre de Sa Majesté.

Tout le monde sait qu’après cela cette pièce fut jouée de suite, et qu’elle a toujours été fort aplaudie toutes les fois qu’elle a paru ; et les personnes qui ont voulu par passion la critiquer, ont toujours succombé sous les raisons de ceux qui en connoissent le mérite.

Un jour qu’on représentoit cette pièce, Champmélé, qui n’étoit point encore alors dans la Troupe, fut voir Molière dans sa loge, qui étoit proche du théâtre. Comme ils en étoient aux complimens, Molière s’écria : Ah chien, ah bourreau! et se frapoit la tête comme un possédé : Champmêlé crut qu’il tomboit de quelque mal, et il étoit fort embarrassé. Mais Molière, qui s’aperceut de son étonnement, lui dit : « Ne soyez pas surpris de mon emportement. Je viens d’entendre un Acteur déclamer faussement et pitoyablement quatre vers de ma pièce,