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Au contraire, après les premières deffences du Roi, on pouvoit prendre pour une témérité la hardiesse que Molière avoit eue de remettre le Tartuffe sur le théâtre, et peu s’en fallut que cette affaire n’eût encore de plus mauvaises suites pour lui ; on le menaçoit de tous côtez. Il en vit dans le moment les conséquences : c’est pourquoi il dépêche en poste sur le champ la Torellière et la Grange pour aller demander au Roi la protection de Sa Majesté dans une si fâcheuse conjoncture. Les Hypocrites triomphoient ; mais leur joie ne dura qu’autant de terns qu’il en fallut aux deux Comédiens pour aporter l’ordre du Roi, qui vouloit qu’on jouât le Tartuffe.

Le lecteur jugera bien, sans que je lui en fasse la description, quel plaisir l’ordre du Roi aporta dans la Troupe, et parmi les personnes de spectacle, mais surtout dans le cœur de Molière, qui se vit justifié de ce qu’il avoit avancé. Si on avoit connu sa droiture et sa soumission, on auroit été persuadé qu’il ne se seroit